Alors que l’été 2014 s’annonce comme une année record pour le captage dans plusieurs bassins, notamment à Arcachon, à Bourgneuf et en rade de Brest, un article de la Nouvelle République vient rappeler que sur le plan épidémiologique, trois pathogènes déciment actuellement les cheptels conchylicoles. Retour sur cette situation inédite.
Depuis au minimum 2008, il y a donc l’herpès virus ou plus exactement un variant des souches connues jusque là, qui s’attaque chaque année aux juvéniles de l’huître creuse. Il cause des mortalités très importantes, pouvant frôler les 100% chez cette classe d’âge dès que l’eau se réchauffe et dépasse le seuil de 16°C [1].
En 2013 et en 2014, les cheptels d’huîtres adultes ont également été touché par des mortalités importantes. Cette fois, c’est une bactérie, Vibrio esturianus, elle aussi bien connue des pathologistes, qui semble être en cause. Ces mortalités sur les huîtres adultes ne sont pas nouvelles puisqu’en 2007 se tenait déjà à Marennes-Oléron des réunions de crise sur ce sujet. Ce qui est nouveau depuis 2013, c’est la très faible résistance des huîtres triploïdes face à ces mortalités. Une faiblesse nouvelle qui laisse perplexe.
Et depuis le printemps 2014, une autre bactérie sème la panique parmi les mytiliculteurs. Il s’agit de Vibrio spendidus, un pathogène également courant en aquaculture. Cette bactérie a en effet été retrouvée par l’Ifremer associée aux mortalités fulgurantes des moules au nord de l’ïle de Ré. Malgré les hypothèses diverses sur la pollution et les conditions climatiques particulières, c’est bien là encore la perplexité qui domine sur les causes de l’émergence, avec une telle virulence, de cette bactérie.
Pour compléter ce panorama, il existe un bruit de fond de différentes observations de mortalités sur les tellines ou les coquilles saint-jacques mais avec beaucoup plus de difficultés pour en évaluer l’ampleur. Par exemple, dans l’étang de Thau, les conchyliculteur s’inquiètaient, fin juin, des mortalités importantes sur les moules, les huîtres mais aussi les palourdes selon le Marin.
Une telle situation, avec trois épizooties en cours dans le milieu naturel, épizooties qui touchent de larges pans de l’activité conchylicole, est complètement inédite pour la conchyliculture française. Les mortalités des stocks adultes constituent une véritable menace pour la pérennité des entreprises, bien plus grave que les mortalités des juvéniles qu’elles ont su compenser.
Face à la détresse des professionnels du secteur, combien d’épizooties faudra-t-il encore pour que les conditions d’émergence de ces pathogènes soient clarifiées ?
[1] Petton, B. ; Pernet, F. ; Robert, R. & Boudry, P. Temperature influence on pathogen transmission and subsequent mortalities in juvenile Pacific oysters Crassostrea gigas Aquaculture Environment Interactions, 2013, 3, 257-273