Chut, les huîtres vous entendent !

La nouvelle, issue d’une étude scientifique menée par des chercheurs de l’université de Bordeaux, n’a pas fait beaucoup de bruit. Pourtant, loin des inlassables articles sur les vols d’huîtres de fin d’année, la découverte aurait pu surprendre : l’huître creuse cultivée sur les côtes françaises présente des réactions à des stimuli sonores pour un large spectre de fréquences. Autrement dit : elle entend.

Ainsi, loin des clichés sur le monde du silence, un nouvel article scientifique révèle les capacités insoupçonnées des huîtres pour détecter les sons. Dans cet article, les scientifiques font état du résultat d’expériences ayant consisté à mesurer la vitesse de fermeture des huîtres, à l’aide d’un valvomètre, en réponse à différentes fréquences sonores. Il apparaît ainsi que les huîtres entendent la plupart des basses fréquences, particulièrement entre 10 et 200 Hz.

Exemple des variations de réponses des huîtres en fonction de la force du signal pour différentes fréquences sonores (Charifi et al., 2017, fig. 5)

Cette découverte pourrait paraître anecdotique mais elle s’ajoute à toujours plus d’études qui décrivent les impacts à tous les niveaux de la pollution sonore sur les espèces marines. Si les effets restent en général cantonnés au niveau comportemental, les auteurs de cette étude sur les huîtres creuses s’interrogent sur les conséquences possibles de ces fermetures répétées sur la croissance dans les zones avec un fort trafic maritime.

Dans ce sens, une autre étude de la même équipe (Charifi et al., 2018) a enfoncé le clou en avril 2018 : la pollution sonore pourrait nuire à la croissance des huîtres en provoquant des fermetures répétées. Cette pollution aurait cependant le bénéfice de limiter la bioaccumulation des métaux dans les environnements qui cumulent les deux facteurs de stress comme les ports. Ces résultats obtenus en expérimental doivent toutefois être confirmés par des études dans le milieu ouvert.

 

Les deux études sont accessibles librement sur le net (en anglais) :

Charifi M, Sow M, Ciret P, Benomar S, Massabuau JC (2017) The sense of hearing in the Pacific oyster, Magallana gigas. PLOS ONE 12(10): e0185353. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0185353

Charifi M, Miserazzi A, Sow M, Perrigault M, Gonzalez P, et al. (2018) Noise pollution limits metal bioaccumulation and growth rate in a filter feeder, the Pacific oyster Magallana gigas. PLOS ONE 13(4): e0194174. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0194174

 

03/09/2018 22:55