Les épizooties historiques de l’huître en France

La culture de l’huître en France fût marquée par différentes crises de mortalité qui poussèrent les ostréiculteurs à modifier plusieurs fois l’espèce d’huître cultivée.

L’épizootie de 1920 sur l’huître plate

Ce premier épisode de mortalité commença au cours de l’été 1920, ces mortalités touchèrent les côtes de France de Hollande et d’Angleterre ([1. Dollfus Robert Ph. (1921). Résumé de nos principales connaissances pratiques sur les maladies et les ennemis de l’huître. Notes et mémoires, 7, 51 p.]). La maladie se traduisait par une difficulté pour les huîtres à se fermer. Dollfus note également que les huîtres qui n’avait poussé qu’en claire n’ont pas été touchées.

D’après Michel Grelon ([2. M. Grelon (1978). Saintonge Pays des huîtres vertes. Ed. Rupella. 364 p.]), la crève dépassait souvent le taux de 90%. C’est cette première épizootie qui marqua le début du déclin de la production d’huîtres plates au profit de la portugaise.

L’épizootie de 1970 – 1973 sur l’huître portugaise

L’huître portugaise, Crassostrea Angulata, cultivée sur les côtes françaises à cette époque, déjà affaiblie par la maladie des branchies devait connaître une nouvelle attaque en août 1970. C’est dans le bassin de Marennes-Oléron que se déclencha cette nouvelle épizootie, qui attaqua tout d’abord les huîtres adultes puis un peu plus tard les huîtres de un an et enfin le naissain. En trois ans l’huître portugaise fut quasiment éradiquée des côtes françaises : on dénombra jusqu’à 90% de mortalité dans les parcs dès novembre 1970. Parallèlement, on s’aperçut que l’huître japonaise Crassostrea Gigas, introduite en 1966 par des ostréiculteurs novateurs, mais non sans âpres discussions et polémiques, était résistante à cette nouvelle maladie. Cette espèce avait pourtant trouvée le succès parmi les ostréiculteurs puisque les importations étaient passées de 800 kg en 1967 à 62 tonnes en 1969. Les ostréiculteurs ne voulaient pourtant pas devenir dépendants de l’importation d’huîtres étrangères tant la véritable richesse du bassin résidait dans le naissain qu’il fournissait.

L’état de crise était déclenché pour le bassin de Marennes-Oléron dont le sort se jouait là. Le 25 avril 1971 eut lieu à la Tremblade une réunion extraordinaire où l’on décida d’importer de grandes quantités de Gigas en vue du repeuplement du bassin. Aussitôt dit, aussitôt fait, des huîtres mères en provenance du Canada furent acheminées par avion et mises à l’eau avant l’été dans le but de réensemencer le bassin avec du nouveau naissain.

Au début de l’été de nombreuses larves furent repérées. L’effort de réensemencement fut poursuivi les années suivantes mais cette opération “Résur” fut un succès sur toute la ligne. L’huître japonaise, en devenant l’huître creuse, se substitua à la portugaise en promettant d’autres années heureuses pour les ostréiculteurs du bassin de Marennes-Oléron.

Les épizooties de 1968 – 1979 sur l’huître plate

Pour la production de l’huître plate, le coup de grâce viendra de deux parasites nommés Marteilla et Bonamia du nom de leurs découvreurs.

Lien entre production et épizooties

Évolution de la production d’huîtres en France en lien avec les épizooties.

Évolution de la production d’huîtres en France en lien avec les épizooties.

Au final, comme le montre ce graphique, c’est l’ensemble de la production française qui fluctue au grès des épizooties. Ceci se traduit par le passage de l’élevage d’une espèce à l’autre au fil de ces aléas, avec par ordre de dominance, tout d’abord l’huître plate Ostrea edulis puis l’huître portugaise, Crassostrea angulata et maintenant l’huître japonaise, Crassostrea gigas.