La nutrition de l’huître

Voici une présentation de la fonction de nutrition de l’huître et du parcours des nutriments dans le tube digestif.

Les huîtres mangent comme elles respirent

Les Huîtres sont des organismes pouvant filtrer de 5 à 16L d’eau par heure en régime normal. Elles créent, grâce aux cils de leur cavité palléale* un courant d’eau assez faible (de l’ordre de 4cm/min) qui passe sur leurs branchies. Les particules contenues dans l’eau sont alors triées selon leur taille, le tissu branchial recouvert de mucus* constituant un véritable système de grilles. Vous pouvez voir ce phénomène en détail dans cette vidéo de l’Observatoire Océanologique de Banyuls. Les particules de taille trop importante sont englobées de mucus et rejetées sous forme de pseudo-fèces*. Les Diatomées* non coloniales, les Flagellés ainsi que certains spores* d’algues sont acceptés. Les parcelles alimentaires retenues sont ensuite transportées par action ciliaire jusqu’à la bouche, qui se présente comme une fente terminale formée de deux lèvres soudées et terminée par quatre palpes labiaux.

Au niveau de ces palpes s’effectue un second tri selon la taille et la présence d’ornementations sur les particules. Puis ils amènent les particules à l’œsophage court, à paroi ciliée et recouverte de mucus, conduisant à son tour les particules vers l’estomac, lieu d’un nouveau tri selon la valeur nutritive cette fois. Là s’effectue un broyage mécanique et une attaque enzymatique transformant le bol alimentaire en « soupe nutritive » : un stylet cristallin, « tige » jaunâtre de couches concentriques de mucoprotéines*, bute sur la partie chitineuse* de l’estomac. Des cils vibratiles le font tourner (jusqu’à 90 tours par minutes), le faisant s’user en libérant des enzymes digestives appelées diastases. Il participe également à la trituration des éléments nutritifs. De plus, la présence de grains de sable à l’intérieur même de l’estomac facilite le broyage des particules.

La « soupe nutritive » remonte ensuite dans les canaux de l’hépatopancréas, ou glande digestive, qui entourent totalement l’estomac. Ces canaux se ramifient en tubules où a lieu la digestion intracellulaire. Les déchets de cette digestion passent dans l’intestin, sont englobés dans du mucus et sont rejetés sous forme de fèces.

Le trajet complet d’un aliment dans le tube digestif d’une huître dure de 80 à 150 min.

Mais que mangent-elle ?

Diatomées, une classe de phytoplancton, vues au microscope (NOAA, 1983)

Diatomées, une classe de phytoplancton, vues au microscope (NOAA, 1983)

Microphages, les Huîtres se nourrissent de phytoplancton* en suspension dans la colonne d’eau. Elles peuvent filtrer en 24 heures, à travers leur cavité palléale, une masse d’eau correspondant à plus de 1500 fois le poids de la nourriture retenue. Leur digestion augmente considérablement la sédimentation par l’accumulation de fèces.

Elles sont également de très bon bioaccumulateurs de polluants et de métaux lourds, qu’elles stockent dans leur glande digestive à de fortes concentrations. Ceci pose un vrai problème sanitaire lorsqu’elles sont consommées par les hommes qui ingèrent alors le polluant.

Glossaire de l’article

Cavité palléale : cavité pourvue de cils vibratiles s’ouvrant sur le milieu extérieur abritant, entre-autres, les branchies et l’anus.

Fèces : déchets de la digestion.

Pseudo-fèces : particules expulsées hors de l’organisme avant même d’avoir été digérées.

Diatomées : Algues Brunes microscopiques.

Spores algaux : éléments de reproductions contenant les gamètes des algues.

Mucus : substance gluante et collante sécrétée par les branchies à laquelle adhère les particules de la colonne d’eau.

Mucoprotéines : protéines constituant le mucus.

Phytoplancton : ensemble des particules végétales flottant dans la colonne d’eau.