Présentation des huîtres triploïdes

On en parle peu et pourtant elles sont là. Il est temps de faire le point sur ce nouvel ovni de la consommation. Le cas des huîtres triploïdes est représentatif des interrogations qui entourent ces nouveaux produits de consommation, entre refus viscéral et accueil silencieux.

La genèse du projet

Les huîtres triploïdes françaises sont en grande partie le fruit du travail du laboratoire de L’Ifremer de La Tremblade (Laboratoire de recherches génétiques et de pathologie). Un de leur objectif est en effet d’améliorer les souches d’huîtres françaises. Ils ont aussi pour but de trouver des souches d’huîtres résistantes aux maladies et ceci les a conduit à travailler sur le génome des huîtres. C’est en 1989 que débutent les recherches sur les huîtres triploïdes à l’occasion d’un contrat plan Etat-Région et en partenariat avec les professionnels de la conchyliculture.

Différences entre triploïdes et diploïdes

Cette différence se met en évidence en trois points. Premièrement, d’un point de vu génétique, l’huître triploïde possède des triplets de chromosomes à la place des doublets de ses consoeurs. Le matériel génétique de l’huître se compose initialement de 10 paires de chromosomes. Chez l’huître triploïde toutes ces paires sont remplacées par des triplets, soit trente chromosomes au total.

Mais quel peut être l’avantage d’une telle manipulation ? Cette différence a pour principal effet, et c’est là le deuxième point, de rendre les huîtres triploïdes stériles. Ces huîtres stériles ne dépensent pas d’énergie pour la reproduction et grandissent donc plus vite que les autres, voir par exemple le rapport du C.R.E.A.A. sur ce sujet. En outre beaucoup d’amateurs occasionnels d’huîtres ne les apprécient pas lorsqu’elles « sont en lait », c’est à dire en pleine production des gamètes durant l’été. Le consommateur est sensé sortir gagnant en pouvant consommer des huîtres grasses toute l’année.

Le troisième point de divergence est donc leur goût plus sucré bien que la différence reste assez subjective et dépende des aléas saisonniers. Cette différence gustative provient de l’importante teneur en glycogène des huîtres triploïdes qui, n’ayant pas d’effort à fournir pour la reproduction se concentrent dans le stockage de leur énergie sous forme de ce polymère de glucose.

Sources :

  • « Savoir et comprendre avant de diaboliser », les nouvelles de l’Ifremer n°16 de juin 2000.
  • La passion des huîtres et des moules, Christian Vidal, p 73-75

Pour aller plus loin, voir l’avis du COMEPRA sur l’ostréiculture et les biotechnologies  et je vous conseille aussi la lecture de “l’huître en questions” qui donne un éclairage poussé sur l’utilisation des huîtres triploïdes dans l’ostréiculture.